85th Dong-A Seoul International Marathon, mon 19ème Marathon

Juillet 2014: Nous n’avons pas pu aller à Istanbul ou Palerme ou Florence. Alors, nous avons choisi d’aller plus loin. Très loin. Ni une ni deux, je me tourne vers l’agence de voyage qui nous avait concocté un bon circuit pour Tokyo: Japan Veo.
Et je tombe sur le même interlocuteur qu’il y a deux ans. Il vend tellement bien son séjour que je signe tout de suite sans même attendre d’être inscrite au marathon.
Ma préparation perturbée

J’ai testé les Urgences pour vous et je n’ai pas été déçue…
Contexte: Mardi 10 février, épidémie de grippe, les consultations sont hyper-chargées, pour ne pas empiéter sur mes heures de travail, je tente de courir très tôt le matin, quand la nuit est noire et quand les idées ne sont pas encore en place.

La température est douce, l’air calme. Je me sens très à l’aise, ma tête entre les écouteurs, je me laisse porter par la douce musique.
Je croise deux chiens et leurs maitres. Des voitures se rendent au travail. Des familles prennent leur petit déjeuner. La ville se réveille en douceur. J’apprécie ce silence et ma musique.

Je décide de quitter les avenues pour emprunter la promenade Jacques de Thou.
Je le connais pourtant par coeur ce chemin, je sais que les racines soulèvent par endroit le sol. ET…
Patatras, je ne comprends pas ce qui m’arrive, je m’étale de tout mon long. Je suis sonnée, j’ai un gôut métallique et chaud dans la bouche. Je m’approche d’un réverbère.

Oups, du sang, et c’est le mien. Je touche mon front, encore du sang. Je sors mon mouchoir pour m’éponger, encore du sang.
Je regarde autour de moi, mais personne à l’horizon. Je ne me sens pas si mal mais j’ai l’impression qu’il faut que je rentre.
Arrivée à la maison, je me précipite dans la salle de bain: j’ai quelques égratignures et une méchante plaie sur l’arête du nez. Elle a l’air bien profonde mais je n’ai pas le temps de m’en occuper, j’ai du travail sur la planche.
Voici ce qui a dû se passer: en chutant, le bracelet de ma montre Garmin s’est arraché et un crochet s’est enfoncé dans mon nez puis l’a griffé méchamment, ce n’était pas de chance…

Je nettoie mes plaies et je termine ma séance d’entrainement comme prévu. Puis je reprends le travail.
Mais au cours de la journée, le stéristrip ne maintient pas la plaie qui n’arrête pas de saigner. Je suis obligée d’éponger régulièrement.
J’ai posé une affiche dans la salle d’attente qui explique aux patients les raisons de mes blessures pour répondre aux questions avant qu’elles ne soient posées.

Les patients ont l’air compatissant mais je préfère abréger les commentaires et passer à la consultation.
21h45- Consultations enfin achevées. Je sens que ma plaie est en train de s’ouvrir: je décide de tester les urgences.
Me voilà partie avec l’intention d’y passer au moins trois heures.
Eh non, dès mon arrivée, je suis accueillie par un jeune homme qui me demande ma carte vitale, etc… et me dit de m’assoir dans la salle d’attente d’où on m’appelera. Je suis prête à être patiente.

Encore non: dix minutes après, un infirmière m’appelle et me prend mes constantes. Et me redemande de revenir dans la salle d’attente. Je suis prête à attendre.
Toujours non: dix minutes après, on me demande de rejoindre un box afin de voir le médecin. Qui après avoir posé les questions d’usage, me suture illico et figurez-vous qu’à 23h00 pile, je suis dans ma voiture de retour à mon domicile.
Au total: passage au urgences plus que correct, en une heure, tout a été bouclé, dont mes quatre points de suture. Dans huit jours, je retrouverai enfin mon vrai visage!
Huit jours après: mes fils ont été retirés mais il reste une mauvaise cicatrice. Tant pis, ce sera ma signature de guerre.
Qu’ai-je appris aujourd’hui?
Mon grand-père maternel, qui était poète, disait : “potraka intelo aho, miarina inefatra, tsy ataoko ahakivy ny onja mavesatra”, ce qui signifie en français que lorsqu’il tombe trois fois, il se relève quatre fois.
qu’il faut apprendre de ses malheurs.
Plan Objectif 4h15 sur 12 semaines dont 3 séances par semaine.
Seoul, Corée du Sud

Lieu: ayant vraiment apprécié le marathon de Tokyo, il m’est venu par la tête un jour d’en faire encore un en Asie. Séoul a été choisi après avoir éliminé Mumbai, Shanghai et Pékin, peut-être aussi à cause du
gangnam style!
Organisation du séjour: comme pour le Japon, je suis passée par une agence spécialisée dans les pays asiatiques qui m’a concocté un petit circuit de neuf jours à travers le pays pour avoir juste une petite idée.
J’ai signé avant même d’avoir la confirmation de la date exacte du marathon et donc avant d’avoir été inscrite.
Inscription : sur le site internet qui ne comprend que deux pages en anglais : information générale avec date du marathon, etc… Et page d’inscription et paiement. Tout le reste est en coréen. Assez mal adapté pour les étrangers bien qu’il se dise international. Je n’ai jamais reçu de confirmation d’inscription ni les horaires et date de retrait du dossard, j’ai dû me renseigner toute seule. Je les ai contacté une
semaine avant la date du marathon car j’étais inquiète, ils m’ont répondu qu’ils étaient désolés , que je n’étais pas inscrite comme de nombreux foreigners car leur CB n’avait pas fonctionné. Panique à bord, je vérifie mes relevés de compte et je leur confirme que j’ai bien été débitée. Apres re-vérification, tout est rentré dans l’ordre, ouf! Car ma valise et ma préparation étaient déjà prêtes.

Entraînement : comme pour les autres dix huit dernières fois, j’ai été sérieuse, avec trois séances par semaine.
Objectif: comme d’habitude, profiter de l’ambiance, du paysage, des ravitaillements, … Finir entre 4h10 et 4h15 sans stress. Arrivée à Séoul le samedi et courir le lendemain. Chercher l’erreur, adaptation express, je n’imagine pas battre mon record ici en tout cas.
Pasta party: un bon bol de nouille coréenne et une bonne bouteille de soju ( alcool de riz coréen, eh oui!) ont fait l’affaire, je ne voulais pas faire l’affront de manger italien ici.
Récit de la course, Dimanche 15 Mars 2015

Pour une fois, mon sommeil n’est pas si mauvais pour une veille de marathon. Je sursaute au réveil de mon téléphone.
5h45- l’hôtel ne fournissant pas de petit déjeuner aux aurores, je dévore mon gâteau sport maison ramené dans les bagages avec du thé.

6h00- préparation tranquille. Dehors, la température avoisine le nul, ressentie moins deux. Je prévois un pull jetable.
7h15- je rejoins Olivier de CLM et son copain dans le hall de notre hotel commun. Nous parcourons le kilomètre qui nous sépare du lieu de départ à pied. Gwanghwamun square est plein de coureurs. A notre arrivée, je m’inquiète de voir des bénévoles fermer leur camion. Le mien devrait se trouver plus loin. Ils sont en train de tout remballer et je veux pas me retrouver avec mon sac et mon manteau pendant tout le parcours tout de même ! Je m’arrête près d’un camion encore disponible et arrive à me faire comprendre par une bénévole qui accepte de prendre en charge mon sac sous un autre numéro. Sur mon sac coureur, j’avais bien lu au milieu de mots coréens 7:30 et j’ai supposé que c’était l’heure limite de dépôt de sacs, mais je n’en étais pas sûre . Ne parlant pas coreen, il aurait été judicieux de mettre une traduction pour les étrangers comme moi.

Bref, une fois cette formalité accomplie, je rejoins mon sas. En fait, il n’y a aucune barrière, aucun contrôle et chacun se place où il le souhaite. N’ayant aucune ambition personnelle ce jour là, je me range dans les “D” , ceux des 4h à 4 h 30.

Malgré mon pull, le froid me transperce, je me faufile dans le milieu de la foule afin de profiter de sa chaleur, ma petite taille me permettant de rendre invisible. J’hume cette ambiance de surexcitation et d’appréhension aussi pour certains. J’écoute des voix, des accents, une langue que je ne comprends pas; je souris à des gens que je ne connais pas. Je fais pourtant partie, en ce jour précis, de leur monde, de la famille des marathoniens. Et j’en suis fière.
Il fait froid, je grelotte tellement pendant cette attente interminable qu’une coréenne s’approche de moi… Et m’entoure de ses bras. J’ignore ce qu’elle me dit mais voici ce que je devine: ” pauvre petite,
elle a bien froid, ça va aller mieux des qu’on aura démarré ” . Enfin, c’est moi qui le dis et ses copines ont souri gentiment. Je n’ai pas l’habitude de ce genre de manifestation de gentillesse, je ne savais quoi lui répondre à part un merci et un sourire, je pense que cela lui a suffit à elle aussi.

8h20- nous décollons enfin, j’ai hâte de fouler le sol séoulite.
Ravitaillements: tous les 5 km en gobelet d’eau , puis à partir du 15eme du Pocari sweat, du 20ème bananes, gâteaux, raisins secs. Entre ces ravitaillements : épongeages. Le tout du côté droit la plupart du temps.
Spectateurs: pas nombreux du tout mais cela ne m’a pas dérangée, quand il y en avait, j’en profitais pour capter un regard ou un sourire qui me suffisait pour m’encourager.
Animation musicale: trois en tout sur la totalité du parcours, et surtout au début. Pas grave, j’en profite pour parfaire mon apprentissage du hangul (alphabet coreen). Comme pour le cyrillique à Saint Petersbourg, le hiragana à Tokyo, je me suis amusée à déchiffrer les mots sur les panneaux d’affichage ou sur les devantures des petits magasins. Le temps et les kilomètres ont vite défilé ainsi.

J’ai très bien géré mon allure comme je le souhaitais, mon objectif etait de finir en pleine forme afin de pouvoir poursuivre mon périple à travers la Corée sans blessure.
Résultat: le passage des 3/4 de tour de la piste d’athlétisme du Jamsil olympique Stadium a été magnifique. Je me paye le luxe de sprinter dans les derniers trois cents mètres avec un très large sourire. J’en avais encore pas mal sous les semelles mais je voulais juste être bien … Et j’étais aux anges!
Je ne sais si mon récit vous a plu, mais j’espère vous avoir communiqué un peu de ma joie, de mon enthousiasme comme si c’était comme toujours le premier de mes marathons.
Résultats:
04:05:17 – 6292/12789 finishers- 394/1390 femmes
Informations complémentaires
Récupération des dossards: au siège social dont l’adresse est indiquée sur le site ainsi que trois photos du trajet y menant ( utiles pour nous repérer). Au troisième étage, au fond du couloir, on récupère aisément son dossard avec un mini dentifrice + un haut manche longue aux couleur d’Asics mais sans aucune mention du marathon, dommage pour le souvenir.

Zone de départ: de nombreux meneurs d’allure dont 4 h, 4h10, 4h30, la limite horaire étant de 5h.
Échauffement assuré trente minutes avant
Course: foule compacte ( dans ma catégorie ) pendant les cinq premiers kilomètres , j’ai couru 500 mètres de plus à cause des zig zap, ensuite fluidité mais sans jamais de vide.

Sécurité : surtout au départ, un policier ou un bénévole posté tous les trente mètres, dos tourné vers nous, donc face à la foule et prêts à réagir en cas de…Les routes sont ainsi bien sécurisées.
Médaille recue en échange de la puce, donc pas de remise autour du cou.
Sortie de stade assez rapide et récupération du sac sans problème.
A la sortie, un groupe de Kpop joue devant un public très enthousiaste. Je me sens comme sur un nuage.
Ensuite, je rejoins le métro situé non loin de là et oh miracle, je ne ressens aucune douleur au niveau de mes cuisses en descendant les escaliers: c’est la magie du collant compression!