Dimanche 13 mars 2022 à 9h30

Avec la COVID, mon accident, j’ai dû suspendre toutes les compétitions prévues dont la Patagonia run reportée en 2020 puis en 2021.
Après 3 mois sans poser le pied gauche par terre, 5 mois sans marcher et 8 mois sans courir, j’avais vraiment besoin de reprendre le cours de ma vie.
En parcourant le web, je découvre une nouvelle course LDHD Le Dernier Homme Debout un concept original qui consiste à courir plusieurs boucles de 7km500 en moins d’une heure. Une boucle à répéter toutes les heures, 350 coureurs au départ, un seul à l’arrivée.
Mais pour ceux que la difficulté rebute, une distance de 14 km est proposée (soit deux boucles).

La Malaysienne
Ce trail de 14km sera le test avant le marathon de 45km.
Je m’inscris rapidement et dans la foulée, je réserve un bon restaurant pour le déjeuner.
C’est ma carotte, ma motivation en fin de course quand le mental est au plus bas. C’est ainsi que j’ai procédé lors du marathon de Florence tandis que j’étais complètement gelée sous la pluie glaciale continue.
Même si l’objectif était de terminer, je voulais le faire sans douleur, tester mon corps et mon équipement .
J’ai donc intégré cette course dans une séance d’entraînement sortie longue.
Quelques jours avant, je ressens un peu d’inquiétude comme à chaque compétition. C’est une sensation agréablement désagréable. Du stress que tout compétiteur recherche.

La veille, je retrouve mes anciennes habitudes et je prépare mon matériel : vêtements, chaussures, bonnet, montre et téléphone chargés et en vue du trail gels, bâtons, hydratation.
La nuit a été courte.
Je prends mon petit-déjeuner habituel 3h avant le départ.
Mon appréhension disparaît petit à petit. La pression diminue car cette course n’est pas mon objectif principal. Elle me sert de préparation. Même la Patagonia run n’est pas un gros challenge pour moi. J’ai juste envie de terminer ce que j’ai commencé.

Malay-le-Grand. 8h45
C’est un petit village et nous garer est facile. La météo est agréable. Quelques nuages menacent à l’horizon mais les averses ne devraient survenir qu’en fin de course.

La récupération du dossard est rapide, j’ai le temps de me rendre à deux reprises dans les toilettes mobiles. En attendant le départ, nous nous réfugions au chaud dans la voiture.
9h30- Dès le début, je suis distanciée par les autres. Je me retrouve au fond du peloton. Je ne sais pas du tout comment mon corps se comportera. Je modère mon allure. Je sais que toute accélération brutale peut réveiller ma douleur, alors je me contente de voir s’éloigner inexorablement de moi la majorité des trailers.
Je me résous à accepter l’idée d’être pour la première fois de ma vie la dernière .
Je suis la seule également à transporter des bâtons. Mais je dois m’habituer à porter mon sac d’hydratation.
La première côte est bien raide, je garde en ligne de mire un groupe de coureuses afin de ne pas trop me laisser distancer.

J’utilise les bâtons au course de la seconde montée et j’arrive à dépasser les 3 filles lors de la seconde boucle. Ce qui n’est pas mon but premier mais mentalement, c’est encourageant.
A cinq kilomètres de l’arrivée, je me retrouve seule et soudainement, je ne reconnais plus le parcours, cet arbre couché au sol, l’absence de marquage. Un gros doute m’envahit mais pas assez pour me faire revenir sur mes pas.
Je poursuis mon chemin avec inquiétude, j’ai un mauvais pressentiment. Depuis 10 minutes, je ne reconnais pas le parcours vu lors de première boucle.
Que faire?
Je prends conscience que je me suis perdue et je décide (enfin) de rebrousser chemin.
Je retrouve le bénévole placé au dernier carrefour qui me dit m’avoir avertie en m’interpellant de mon erreur que je n’ai pas entendu. Il me dit que les filles sont désormais à 100 mètres devant moi et que le bénévole qui ferme la course va revenir terminer la course avec moi.
C’est ainsi que sur les derniers kilomètres, je me retrouve à discuter avec Thierry à qui je raconte mon histoire, pour justifier mon allure de tortue?

Il m’encourage et je termine la course avec un super sourire sous les applaudissements des derniers bénévoles qui sont bien contents de pouvoir remballer le matériel et de rentrer chez eux.
Je suis classée dernière pour la première fois de ma vie mais je suis également finisher!!!
En fin de compte, j’ai parcouru 16,28km au lieu de 14km !!!
Je me change rapidement dans les vestiaires avant de déguster des plats délicieux dans un restaurant gastronomique : Mise en bouche : verrine de tartare de saumon, Huitres chaude fine de claire n°2 au Chablis, Gambas poêlées au coulis de crevettes, Assiette de Livarot, de Epoisses, Brillat Savarin et le Soumaintrain. J’ai terminé avec un thé gourmand. Le tout arrosé par un Bourgogne Coulangis La Vineuse. Délicieux !
Résultats Garmin : 16,28 km, 2:05:04, 7:41 mn/km, 513 m de dénivelé, 885 calories
Résultats scratch : 2:04:55, 6,72 km/h 63/63 coureurs, 4/4 V2F