J3 – Dimanche 6 octobre 2019

Je me réveille environ toutes les heures pour vérifier mon alarme du téléphone.
Dans mon rêve, je me lève en sursaut et je regarde ma montre: 7h10, je suis presque en retard. Heureusement non, c’est juste un mauvais rêve! Je n’arrête pas de me retourner dans le lit. Je suis déjà debout quand le réveil sonne enfin. La nausée que je ressentais hier soir a disparu, remplacée par l’envie d’en découdre enfin.

Mon petit-déjeuner passe tout de même mal dans mon gosier. A ce moment, je me demande sérieusement ce que je fais dans cette galère.
Il pleut ( nous sommes bien en Écosse), j’enfile plusieurs couches de vêtements dont un sweat à capuche que je vais probablement abandonner sur la ligne de départ.

Il est 7h00, il fait encore nuit noire, de nombreux cars sont alignés sur une route située à 10 minutes à pieds de notre appartement, ce qui est très commode.
Mon mari, venu m’accompagner au Terminus, et moi nous quittons sur le trottoir. Je monte dans le 6ème car déjà presque rempli. Je m’installe, je ferme les yeux, je me concentre.
Enfin, tous les véhicules se mettent à rouler en caravane vers 7h30 quand tous les coureurs (ou presque) sont bien installés au chaud.

Pendant l’heure du parcours, j’essaie de me rendormir mais je ne fais que somnoler. Après avoir quitté Inverness, longé le Loch Ness pas l’Ouest puis par le Nord, nous atteignons Fort Augustus, le dépassons pour atterrir au milieu de … nulle part.
Il pleut, il vente, il fait froid… et pas un seul abri!!! Le chauffeur nous accorde dix minutes de répit avant de nous lâcher dans la nature et avant qu’il ne parte.
Mais il faut aussi sortir pour rejoindre la queue immense qui se forme pour accéder aux toilettes. Et c’est plus qu’un rituel pour moi.

J’ai très froid mais j’essaie de me concentrer et de bien respirer pour ne pas grelotter et dépenser inutilement mon énergie. Pour passer le temps, j’avance très lentement jusqu’à la ligne du départ en essayant de rester abritée derrière de plus grands coureurs que moi. Un groupe de musicien écossais entame plusieurs morceaux de chansons traditionnelles. J’apprécie le son de la cornemuse et j’aime la musique écossaise comme celle irlandaise.

Il est temps maintenant de se rapprocher de la ligne de départ, tant mieux car j’aurai plus chaud ainsi, blottie entre les coureurs.

Loch Ness Marathon à 10h00 – Le début de course est très rapide, tout le monde s’élance à toute vitesse, je me sens enveloppée dans un tourbillon. Je ne contrôle plus rien et me laisse emportée par la vague. Une vague qui m’écrase au semi.
Je n’aime pas visualiser les parcours pour me laisser le plaisir de les découvrir. Celui du Baxter Lochness 18 ème édition est en ligne avec beaucoup de descentes, ce qui aurait pu faciliter la vitesse. Je pense que la fatigue et sans doute aussi l’âge ont raison de ma capacité à maintenir mon allure de départ bien au-dessus de mes allures habituelles.

Heureusement, le paysage est bucolique, nous traversons les campagnes écossaises, arborées, bien vertes et en tournant à peine la tête vers la gauche, Le Fameux Loch Ness nous accompagne presque tout le long. Mais je n’ai pas le temps de chercher le Monstre !
Les ravitaillements sont bien répartis, les bénévoles comme toujours sont encourageants. Néanmoins, à partir du semi, déjà , je commence à flancher, pas le physique, mais le moral.

Peut-être le manque de sommeil, la fatigue, un manque de glucide la veille, et ceci et cela, on peut toujours se trouver une excuse pour ne pas accomplir ce que l’on a décidé. Alors, pour ne pas me mettre dans le rouge, je commence à marcher, beaucoup de monde me dépasse mais je m’en fous royalement, je sais que je vais finir, mais je ne veux pas souffrir pour rien. Je me motive en me disant que mon mari m’attend sur la ligne d’arrivée. J’ai même le temps de lui envoyer un SMS.
Je m’encourage toute seule: «Vas-y, cours, après le prochain poteau, redémarre !». Le poteau suivant, j’y vais mais juste jusqu’au prochain. Je m’accroche parfois à un coureur qui me sert de lièvre, comme à chaque fois, parfois je le dépasse mais souvent, je le laisse partir.

Inverness est proche, j’entends au loin les rumeurs de la foule en délire et l’animateur annoncer les arrivants. Je n’en peux plus. Je rassemble toutes mes forces quand j’aperçois la ligne d’arrivée. J’esquisse même un léger sourire de soulagement.
Bip. C’est fini. Je reçois enfin ma médaille, puis un sac contenant deux pommes, une boite de soupe en conserve Baxter (le sponsor), le tee-shirt finisher et une bouteille d’eau.
Résultat: 04:20:20, 357/1497 femmes, 1521/3581coureurs, 42/295 V2F

Je cherche des yeux mon mari, je lui avais prédit une arrivée pour 4h30 de course. Je l’appelle mais comme toujours, il n’entend pas.
En tournant par hasard la tête vers les spectateurs, je l’aperçois en train de me chercher des yeux parmi les arrivants dans les cent derniers mètres. Ouf ! Nous aurions pu nous rater.

Je peux alors récupérer mon sac laissé dans les camions au départ et acheminé ici. Le repas post-marathon consiste en une assiette de penne bolognaise + un verre de soupe Baxter (encore?) mais l’essentiel est dans l’ambiance avec un groupe de musicien écossais et l’ensemble des coureurs réunis autour de plusieurs tables.

Il a beaucoup plu ce matin, l’herbe du parc est détrempée et le sol est boueux et collant. Nous rentrons dans notre studio avec précaution car mes cuisses sont dures. Après une bonne et longue douche chaude, nous nous préparons à dîner (vers 17h00, eh oui, ici , il sont très early bird!) dans un restaurant réservé depuis 15 jours.
Ness Walk – Torrish Restaurant – 17h00 Early Evening ….. A suivre