J1 – Lundi 25 mars 2019 – Sambava

Bien que nous ayons déjà parcouru une bonne partie de l’île de Madagascar durant ces dernières années, et après avoir visité de nombreux parcs nationaux malgache très bien entretenus, nous avions envie de partir pour la région du Makay, récemment découverte et ouverte au public. Hélas, à la période où nous souhaitons nous déplacer, le site est impraticable car en saison très humide.

Après un bref moment de réflexion, nous nous orientons alors vers le Nord de l’île, très montagneuse, qui recèle une faune et une flore endémiques exceptionnelles dans une forêt dense tropicale parfois primaire et des vues imprenables sur les environs.

En route pour la région de la SAVA (Sambava-Antalaha-Vohémar-Andapa).
Après quelques échanges de correspondance avec l’agence Soaland Discovery , nous nous mettons d’accord pour un circuit sur le thème de la nature. Nous optons pour un circuit de quelques jours dans le Parc national de Marojejy. Ce parc a été classé Réserve Naturelle Intégrale en 1952, puis Parc National en 1998 et enfin Patrimoine Mondial de l’Unesco en 2007.

Le vol pour Sambava est très matinal, ce qui n’est pas un mal car la route vers l’aéroport est bien dégagée aux aurores. L’enregistrement est rapide, la fouille des bagages est identique à celle pratiquée en Europe avec scan etc.
Pour passer un peu le temps, nous nous posons à la cafétéria de la salle d’embarquement où des passagers attendent pour Maroentsetra et Antsiranana. Nous prenons un café et pains aux raisins pour mon mari et un chocolat et un pain au chocolat pour moi.
Le trajet se déroule sans encombre, un autre petit-déjeuner ( pain au chocolat et thé) est servi en vol.

Après 1h25, notre petit avion transportant environ une cinquantaine de voyageurs se pose sur le tarmac de Sambava.
28°C, temps orageux, humide.
Dina, la responsable de l’agence à Sambava vient à notre rencontre et nous amène à la maison d’hôte située au dessus de leurs bureaux et non loin de l’aéroport.

Soaland Appart’s
Notre chambre, la numéro 1 est composée d‘un salon, d’une cuisine, d’une salle d’eau et d’une grande chambre. Tout l’étage est cerné par une coursive avec vue partielle sur la mer.

Un petit-déjeuner composé de pain au chocolat et croissant nous est servi en chambre avant que notre guide officiel Désiré et notre chauffeur nous emmènent à la plantation de vanille située à 45 minutes de la ville.

La route est belle, la chaussée neuve, nous traversons des ponts étroits, des cocoteraies, des villages déserts, nous dépassons un troupeau de zébus.
Domaine d’Ambohimanitra. Le portail d’entrée en métal de la plantation est imposant, la terre est rouge, le soleil brille.
Dina est déjà sur place (mais comment a t’elle fait pour nous dépasser ?).

L’accueil est situé dans une charmante maisonnette avec une entrée comportant une belle balustrade blanche qui m’a fait curieusement pensé aux maisons des plantations de coton en Louisiane.
Une boisson de bienvenue nous est proposée: une authentique noix de coco étêtée avec un sabre devant nous. Le jus est délicieux, légèrement acidulé voir un peu pétillant.
Ensuite nous assistons à une très passionnante histoire de cette plantation de 60 hectares, des nombreuses difficultés surmontées surtout au début, l’histoire de la vanille, les différentes espèces de vanille cultivées ici, le mode de culture,la pépinière de variété locale, l’organisation très rigoureuse et surveillée.

Dina en a profité pour me faire travailler en me faisant planter un greffon d’une paire de liane de vanille (eh, oui, la vanille pousse par paire, question d’équilibre). Si tout va bien, elle donnera des fleurs dans trois ans. Et comme je suis consciencieuse et que j’aime le travail bien fait, je devrai revenir dans trois ans pour voir si mon action a été efficace !!
Bref, j’aurai dû enregistrer toutes les informations que Dina nous a patiemment et passionnément délivrés. Car hélas, nous ne retiendrons pas tout.

Dorénavant, je sais que les grains de quatre épices existent réellement, que l’on reconnaît les espèces de vanille à la forme de leur feuilles, des gousses, à la dispositions des nœuds de la tige, que les tuteurs de ces lianes sont multiples.
Bref, nous comprenons que pour que ces gousses arrivent dans nos assiettes et souvent dans nos desserts, tout un processus complexe et multiple est mis en place et que des milliers de gens y travaillent avec conviction et surtout beaucoup de passion.

Ensuite, nous prenons place sous la véranda pour un déjeuner senteur vanille en compagnie de Désiré, notre guide de Marojejy.
Nous débutons par un verre de jus de corossol, très rafraîchissant après cette matinée intense mais très instructive.

Le cuisinier nous sert en entrée une salade de tomate, avocat et crevettes, puis une cuisse de canard accompagnée de légumes et nous terminons par une tranche d’ananas dans un jus de caramel.
Le retour vers Sambava en voiture se déroule en silence, la digestion incitant à nous assoupir.
Dina nous laisse quinze minutes pour nous rafraîchir avant de poursuivre la visite de l’entrepôt situé juste en face de la maison où se déroule la suite des opérations.

C’est ici que sont reçues les gousses encore vertes mais à maturation. Elles subissent un bon bain en étuve, puis sèchent en plein air , puis rentrent en entrepôt bien enveloppées dans de douces couvertures où quelques jours après, elles subissent la dure loi du triage.

La sélection se fait en fonction de leur taille (entre 12 et 21 cm, attention messieurs, pas de perverse comparaison), de leur couleur (du rouge au noir, non , ce n’est pas un roman dr Stendahl), de leur taux d’humidité et sûrement d’autres critères que je n’ai pas plu retenir.
Ces belles gousses passent de mains en mains expertes, sont mises en bottes puis en boites et sont précieusement emballées dans des cartons pré calibrés avant d’être expédiés dans le monde entier comme un joyau inestimable.
En effet, le cours de la vanille peut subir de nombreuses variations ce qui rend parfois son prix très élevé.

De sa liane à nos assiettes, la vanille subit de multiples manipulations humaine dont la première est la fécondation.
En écoutant l’histoire de cette plantation par Dina, nous ne pouvons qu’admirer l’acharnement, l’entêtement et l’amour de cette famille pour cette petite gousse .
Je ne verrai plus jamais de la même façon la pub de la Petite Robe Noire de Guerlain en sachant qu’un peu de Madagascar est dedans.

Merci d’avoir insisté pour que nous ayons cette visite, je comprends que même une journée entière est insuffisante pour capter toute l’essence (attention, jeu de mots) et la magie de ce trésor.

Et surtout merci a à Dina de nous avoir consacré tout ce temps pour nous faire partager son travail et surtout sa passion dans un cadre magnifique.
Revenus à notre chambre, les narines remplies de cette odeur sucrée, nous profitons de notre grand lit pour nous détendre.
Avant le dîner qui nous est servi en chambre dans le petit salon attenant. C’est la première fois pour nous et c’est très reposant.

Le chef nous a préparé un excellent poisson de mer grillé avec des légumes et du riz suivi d’une tarte tatin. Nous n’avons rien laissé dans nos assiettes.
Morts de fatigue, nous sombrons dans le sommeil dès 21h.
Demain est un autre jour mais surtout, je crains que la communication ne soit suspendue pendant quelques jours car je pense et j’espère que le wifi s’arrête aux portes parc de Marojejy de 60000 hectares où nous allons randonner un peu hors du temps.
J2 – Mardi 26 mars 2019 – Sambava

Après un bon petit-déjeuner toujours servi en chambre, nous rejoignons notre guide et notre chauffeur .
A 8 heures, la ville grouille déjà de monde, et la rue principale qui longe la mer et qui est longue de dix kilomètres est remplie de chalands. Ici des vendeurs de pneus, de canapé, là de viande, de cordes. Avec un ballet incessant de tuk-tuk jaunes transportant les habitants. Une ville pleine de vie qui semble s’habituer à ce brouhaha très sympathique.
Une fois la foule dépassée, notre 4×4 poursuit sa route tranquillement.
Mais au détour d’un virage, nous voyons accourir des passants puis nous entendons des cris de femme. C’est hélas un accident mortel impliquant une moto et un camion. La police est déjà sur place mais pour les deux passagers de la moto, il est trop tard. L’un gît sur la chaussée, l’autre est encore allongé à coté de la moto sous le camion.

Nous dépassons ce lieu de l’accident qui nous rappelle que la vie est fragile et éphémère.
Après environ 90 minutes de route, nous atteignons notre destination.
Manantenina. Bureau d’accueil pour les formalités. Ce n’est qu’à ce moment là que nous comprenons que notre unique bagage mais de 20 kg sera acheminé à dos de porteur jusqu’au camp 2 situé à 700 m d’altitude. Si nous avions su, nous aurions scindé en deux nos affaires et apporté deux valises plus légères. Trois porteurs sont à notre service : l’un pour notre bagage, un autre pour le linge de maison (draps, couvertures et serviettes de bain) et le dernier pour les ingrédients que le cuisier préparera sur place.

Mandena. Notre chauffeur nous dépose à l’entrée d’un petit chemin de terre. Nous traversons un village plein d’enfants. Notre guide, qui a l’oeil et en même temps c’est son métier, repère un beau caméléon. Son nom scientifique me sort de la tête et je pense que pour tous les noms suivants ce sera pareil.

Nous partons avec notre sac à dos, une casquette et une bouteille. Nous avons à parcourir 6 km jusqu’au premier campement où nous déjeunerons avant de poursuivre notre chemin jusqu’au second camp où nous dormirons la première nuit.

Lorsque j’ai réservé ce circuit, je n’ai pas réalisé que les conditions climatiques étaient vraiment difficiles: temps chaud et surtout très humide (d’après moi, environ 70 % d’humidité). En tout cas pour nous car la chaleur ne semble pas incommoder notre guide que nous ralentissons dans son allure.
La première partie de notre trekking débute donc du village de Mandena sur environ 2,5 km, ce qui n’est rien en soi mais sous un soleil de plomb et aucune ombre, c’est presque un enfer.
La deuxième commence de l’entrée réelle du parc au camp 1 situé à 6, 5 km. Je pensais que marcher à l’ombre était plus agréable qu’au soleil. Eh bien, c’est pire. La forêt est humide, nos vêtements sont imbibés de transpiration et de l’hydratation du lieu. Tout colle, la sueur dégouline de nos chapeaux juste utiles pour nous protéger des sangsues tombant des arbres. Elles m’ont eu trois fois. Piqûre indolore mais plaie hémorragique impressionnante.

Les paysages sont magnifiques mais nous ne regardons souvent que nos pieds de peur de trébucher sur une racine ou glisser sur une pierre humide et parfois en l’air pour ne pas se faire étrangler par une liane. Nous suivons sagement notre guide qui s’arrête fréquemment pour nous montrer ici une grenouille tellement minuscule que nous serions passé sans la voir et là un gecko tellement transformiste que l’on prendrait pour une écorce d’arbre.
La nature n’est pas silencieuse, le bruissement des feuilles est perturbé par le crissement des grillons et le chant des cigales. Parfois le cri d’un oiseau bouscule la cacophonie des lieux.

Du mille-pattes au lémurien bambou, la vie animale suit son cours, nous essayons de rester silencieux et de respecter cet endroit magnifique.
Au bout d’une intense fatigue, nous arrivons enfin au camp 1 de Mantella où le déjeuner est servi.
Le chef nous a concocté une salade de concombre/carottes rapées, brèdes mafana, boulettes de viande, légumes, riz blanc et une banane.
Nous sommes les seuls visiteurs de la semaine, et c’est plutôt agréable de ne croiser aucun autre étranger. Nous nous sentons vraiment immergés. Surtout que je ne comprends pas le dialecte parlé dans cette région de Madagascar.

Nous mangeons très bien, nous apprécions l’effort de présentation du chef cuisinier.
Mais il nous faut repartir vers notre destination finale : le camp 2 de Marojejya situé à 2,7 km du camp 1.

Par rapport aux 9 km déjà parcourus, cela nous semble facile. Mais c’est pire car le dénivelé est plus élevé et la moiteur persistante.
Nous croisons des papillons, des oiseaux, des caméléons, plein de petites bêtes à nom latin.
Camp Marojejya où coule une petite rivière. Nous sommes accueillis par le même cuisinier de ce midi , qui déplace la cantine en même temps que nous, avec un bon thé chaud et du lait concentré comme dans mon enfance qui nous réconfortent. Tandis que notre guide prépare notre lit dans notre bungalow, nous admirons la vue sur une grande falaise embrumée. Puis il nous demande si nous voulions de l’eau chaude, comme nous sommes un peu frileux, nous sommes heureux de nous doucher confortablement. Nous apprécions le confort même sommaire.

Les toilettes et la salle d’eau sont séparées. Et elles sont communes, mais comme nous sommes les seuls touristes du moment, c’est parfait. Le WC a une cuvette normale mais la chasse d’eau ne marche pas, alors il faut y jeter un seau d’eau. Pour prendre sa douche, il faut se mettre debout et s’asperger d’eau à l’aide d’un broc d’eau. L’eau usagée s’écoule alors par le plancher. L’eau provient d’une source proche acheminée par un tuyau. Les locaux la boivent sans problème digestif, les touristes, comme nous, qui n’ont pas la même immunité, ne doivent consommer que de l’eau en bouteille. Ces bouteilles sont évidemment transportées à pieds depuis le village le plus proche.

La nuit commence à tomber et j’ai oublié d’amener une torche indispensable dans cet endroit où le wifi, le réseau et même l’électricité n’arrivent pas. Heureusement le guide nous en prête une à dynamo. Super pratique surtout quand on veut aller aux toilettes, qui sont à l’extérieur, dès la nuit tombée.
Ce soir, le cuisinier nous a concocté un steak de zébu avec des brèdes, une salade de tomates et des oranges au dessert. Simple mais suffisant.
Nous nous écroulons de sommeil tandis que les grillons et les cigales nous chantent une berceuse.
Jour 3 – Mercredi 27 mars 2019 – Camp Marojejya

Nous n’avons pas si mal dormi mais à 5h45, la lumière du jour illumine notre chambre. Cela tombe bien, nous sommes matinaux.
Le petit-déjeuner est composé de cake, de miel, de confiture de coco et d’un bon thé chaud.
Il est maintenant temps de partir à la recherche des lémuriens perdus. Tandis que nous mangeons tranquillement, un pisteur est parti plus tôt dans la forêt dense et essaye de repérer des lémuriens. Avec notre guide, ils communiquent par cri pour signaler s’il en trouve. Et si oui, le pisteur hulule deux fois. Ce qui est le cas. Nous nous dirigeons alors vers la voix.

Une famille de Propithèque soyeux ou Sifaka est en train de manger tranquillement dans les cimes des arbres. Certains sautent de branche en branche et d’autres se prélassent au soleil. Ils ne semblent pas dérangés par notre présence silencieuse mais curieuse comme eux le sont car je ressens parfois sur moi des regards posés sur nous. Le recensement dénombre environ 1000 individus dans le parc, c’est une espèce en voie de disparition, le mélange entre espèces semble s’amorcer au vu de la modification progressive de la couleur du pelage et du museau.

Pendant deux heures d’observation, j’ai le temps de prendre plusieurs clichés avant qu’ils ne décident de changer de coin. Et ils ont aussi droit à un peu d’intimité.
Nous redescendons tranquillement vers le camp précédés par le pisteur qui à l’aide de sa machette nous fraye un chemin. Car la période touristique ne débute que dans deux mois, saison chaude et sèche, et la nature envahissante, a repris naturellement ses droits et sa place. Pour ne pas risquer de chute, et pour soulager nos genoux, nous avons confectionné un bon bâton de marche avec les nombreuses branches jonchées par terre.

Sur la terrasse, nous prenons notre déjeuner qui se compose cette fois-ci de tomates et œuf dur, poulet au champignons, brèdes mafana et orange épluchée.
Notre guide nous accorde une heure de répit avant de rejoindre le camp 1 où nous passerons la dernière nuit dans ce magnifique mais très humide parc national de Marojejy.
Il pleut quelques minutes avant notre départ.

Le chemin du retour est très moite. Pour nous protéger des sangsues et des moustiques, nous nous vêtons de manches longues et pantalon , mais rapidement, tout nous colle au corps.
C’est assez désagréable de faire moins d’effort que d’habitude mais de transpirer dix fois plus. Nous suons tellement que même en buvant un litre d’eau, nous n’avons pas envie d’ aller aux toilettes.
Nous glissons à plusieurs reprises sur les pierres mouillées. Sans dégâts. Et avec le sourire:))

Quand nous traversons une rivière, nous acceptons dorénavant l’aide de notre guide depuis qu’il nous a raconté l’histoire d’un fanfaron (français) qui n’en a fait qu’à sa tête lors du passage d’un gué et qui y a perdu la vie.

Nous apercevons en route des lémuriens bambou, dont une femelle portant son petit sur son dos.
Nous arrivons plus tôt que prévu à notre destination. Nous pouvons enfin apprécier le lieu magique et le croassement des grenouilles.
Curieusement, une dame d’un certain âge est installée à la table commune et semble avoir une discussion très animée avec son guide. Elle est coréenne, environ 70 ans, parle vite et avec un accent anglais que j’ai du mal à comprendre. Comment a-t’elle pu grimper jusqu’ici, quelle idée pour une femme seule, âgée et étrangère de visiter ce coin perdu. Tandis que nous nous prélassons dans notre bungalow, nous continuons de l’entendre vociférer, menacer, râler.

Même pendant le dîner, nous la voyons s’agiter dans tous les sens.
Le cuisinier nous apporte les crudités, du riz, des légumes, du poisson et des bananes flambées.
La pluie commence à tomber et la sortie nocturne semble compromise. Je n’insiste pas non plus pour y aller car nous sommes épuisés.
Jour 4 – Jeudi 28 mars 2019 Camp Mantella

C’est notre dernière journée dans le parc, nous avons une dernière balade à faire, celle de la cascade de Humbert située à 800 mètres du camp. Mon mari y renonce car le chemin est trop pentu et ses genoux n’apprécient pas.
Notre avancée est retardée par les ronces et autres arbustes que le guide défriche au fur et à mesure avec la machette. Mais arrivée au pied de la cascade, je regarde mes jambes nues et je vois pendre sur mes mollets et mes pieds des dizaines de sangsues plus ou moins gorgées de mon sang. Je pousse un cri d’horreur que seuls les lémuriens persécutés par un fosa ( espèce de petit puma, endémique de l’île) peuvent comprendre. Avec son couteau, le guide arrache une par une les bestioles et les découpe. Du sang, MON sang gicle de tout côté ( OK , j’exagère mais pas tant que cela, c’est vraiment impresionnant et horrible à la fois). Je m’empresse de remettre rapidement un pantalon pour le retour vers le camp.
La Cascade de Humbert culmine à environ 40m de hauteur. Elle n’est pas très large mais impressionnante tout de même.

Nous remontons vers le camp tandis que je garde les bras au corps car après toute la pluie de cette nuit, les sangsues sont plus virulentes.
Je me débarrasse de mes vêtements quand, horreur, je découvre trois grosses sangsues presque prêtes à exploser sur ma cuisse et mon flanc droit. C’est l’affolement complet. Nous avons heureusement été équipés d’un sac de sel que nous saupoudrons sur lesdites Hirudinea, leur nom scientifique mais qui ne les rendent pas plus sympathiques. Instantanément, les maudites bêtes se détachent laissant béantes des plaies qui mettent une heure à coaguler. Leur morsure n’est pas douloureuse mais les séquelles sont très inesthétiques.

Il me faut un peu de temps de récupérer de toutes ces émotions. Il est temps de descendre dans le village.
Échaudés par cet épisode, nous quittons notre camp 1 bien protégés des membres supérieurs et inférieurs par des vêtements inviolables par des sangsues.
Tandis que les porteurs traversent la forêt transportant le matériel du retour dont notre bagage, nous descendons dans la plaine beaucoup moins rapidement et moins alertes qu’eux.

Après plus d’une heure de route, nous atteignons la piscine naturelle que nous avions juste aperçue lors du premier jour. Elle est circulaire avec 50cm à 4m de profondeur. Pour me rafraîchir, je pique une tête dans cette eau limpide. C’est juste…divin.
Après quinze minutes de pause, nous reprenons la route car le ciel s’assombrit. La pluie tropicale est chaude mais brève.

Nous nous abritons quelques minutes sous une tonnelle à l’entrée du Parc où nous croisons la dame coréenne partie elle aussi ce matin (fâchée) avec son guide.
Les paysages de rizières que nous traversons sont justes magnifiques. Toute une nuance de vert. Découvrir son pays avec un œil de touriste permet parfois de mieux l’apprécier. Mais le regard est aussi biaisé car la réalité que vivent ces villageois est sûrement tout autre.
Notre chauffeur et le 4X4 nous attendent au village de Mandena. Les porteurs ont déposés leur colis depuis bien longtemps.
Le retour se fait en silence en nous remémorant tout ce que nous avons vécus ces trois jours.

Soaland Appart’s. Nous réintégrons la chambre 1.
Mon mari et moi nous précipitons vers la salle d’eau pour être le premier sous la douche bien chaude tant rêvée !
Notre dernier dîner de ce séjour est excellent, tout comme le reste : thon grillé avec du riz blanc et un yaourt fait maison en dessert.
Exactement ce que nous aurions aimé mangé : simple, léger mais raffiné. Le tout arrosé d’un bon verre d’eau !
Jour 5 – Vendredi 29 mars 2019 Sambava
Le réveil est un peu compliqué car la nuit a été agitée. J’ai souffert de douleur abdominale sans gravité mais plutôt insomniante.

Le petit-déjeuner, toujours servi en chambre, est parfait.
Nous procédons à l’enregistrement matinal de nos bagages afin de profiter, en attendant l’embarquement, de quelques instants au bord de la plage de Sambava que nous découvrons grande, propre avec de grosses vagues.
L’aéroport de Sambava est minuscule. Les minuscules ventilateurs ne suffisent pas à brasser l’air humide et chaud qui nous colle au corps.

Nous trouvons une place près d’un vieux monsieur tandis que la salle est bondée de voyageurs qui se restaurent. L’odeur de la nourriture si tôt le matin m’écœure. Tandis que nous essayons de respirer, le monsieur nous montre de la tête une femme debout au mileu de la salle, solliloquant, mais ne dérangeant personne. Elle porte un chapeau de paille, un petit panier, des collant de laine et une robe. « Cette dame connaît tous les horaires d’arrivée des avions, elle vient ici touts les jours où elle attend le retour de son ex-mari, un vazaha qui l’a quitté il y a 4 ans». Puis elle fait la quête de table en table et certains lui donnent un billet. C’est un peu triste.

Notre avion arrive enfin, il n’a que 10 minutes de retard. Il paraît que le vol peut parfois être retardé de 24 heures ! Nous avons de la chance.
Nous quittons Sambava la tête et les jambes pleines de souvenir.

Il nous faudra un peu de temps pour récupérer et apprécier encore plus ce voyage exceptionnel tant pour sa destination que son organisation.
En conclusion : nous avons vécu une aventure, que dis-je une expédition exceptionnelle qui a nécessité beaucoup d’énergie de notre part. Nous ne nous attendions pas du tout à cette rudesse ni à cette authentique et sauvage aventure.
Ce circuit nous laissera sans doute un souvenir impérissable et je doute pas que même le souvenir de ces maudites sangsues me fera plus tard sourire…